Visite de l’Esprit Mikinak-Keya au Musée canadien pour les droits de la personne
Visite de l’Esprit Mikinak-Keya au Musée canadien pour les droits de la personne
La pièce s’assombrit. Le bruit d’un hochet et les battements rythmiques d’un tambour se font entendre, puis la chanson envoûtante Spirit of Life – dédiée aux guides par Henry Skywater, un aîné dakota – se met à jouer, évoquant le voyage circulaire et cyclique qu’est la vie. C’est ainsi que débute la visite guidée de l’Esprit Mikinak-Keya au Musée canadien pour les droits de la personne.
La culture et la perspective autochtones
La culture et la perspective des Autochtones occupent une grande place dans l’histoire des droits de la personne au Canada. Bon nombre des chapitres de cette histoire ne sont pas gais, mais pour en tirer des leçons et éviter de reproduire les horreurs commises, il s’avère nécessaire de faire face à la noirceur du passé. Bien évidemment, personne ne veut aller au musée pour en repartir avec un profond sentiment de désespoir. Et c’est là tout le brio de l’expérience proposée par le Musée canadien pour les droits de la personne : on y raconte les drames qui doivent être racontés, mais en les adoucissant avec un message d’espoir. L’avenir est symbolisé par un passage de l’obscurité à la lumière.
Une exposition vivante
Comme tous les musées, le Musée canadien pour les droits de la personne foisonne d’expositions visant à brosser un portrait du passé. La visite guidée de l’Esprit Mikinak-Keya, en revanche, sort de ce cadre. C’est un peu comme une exposition vivante qui amène les visiteurs à faire des découvertes, non pas tant sur l’histoire, mais surtout sur eux-mêmes, en tant qu’êtres humains en relation avec leurs semblables, la nature et leur environnement. Chaque partie de la visite porte sur l’un des sept enseignements sacrés des Premières Nations, chacun symbolisé par un animal totem : le loup pour l’humilité, le bison pour le respect, le castor pour la sagesse, le géant Kitchi-Sabe pour l’honnêteté, la tortue pour la vérité, l’aigle pour l’amour et l’ours pour le courage.
Un lieu de réflexion paisible
Chacun des enseignements sacrés et des animaux totems est représenté dans la conception même du musée. Fascinant, non? Par exemple, les fondations du bâtiment rappellent la griffe d’un loup; cet animal, qui montre habituellement sa soumission au loup alpha de sa meute en inclinant la tête, symbolise bien la grande importance de l’humilité sur le chemin de la vie et dans nos interactions avec autrui. Les roches basaltiques du Jardin de contemplation font penser à la carapace de la tortue, l’animal qui représente la vérité. Quoi de mieux que ce havre de paix pour réfléchir et toucher à notre essence? Les parois vitrées entourant le musée, quant à elles, symbolisent les ailes d’un aigle enveloppant tendrement ses petits, les préparant pour leur avenir.
Une expérience prédestinée
Rien dans cette visite n’est le fruit du hasard. Les Autochtones rejettent le concept occidental de la coïncidence : pour eux, la vie suit un plan et rien n’arrive pour rien. À la fin de la visite de l’Esprit Mikinak-Keya, j’ai eu la profonde et indéfinissable impression que tout avait été prédestiné : les femmes animant la visite (la femme étant perçue comme une figure puissante et une protectrice dans la culture autochtone), leur longue jupe effleurant le sol (symbole de la connexion à la terre) et même la tortue (partie intégrante de l’histoire autochtone, avec sa carapace représentant les 13 lunes de l’année et les 28 jours du cycle menstruel).
Notre ressemblance dans la diversité
Au tout début de votre exploration du Musée canadien pour les droits de la personne, vous tomberez sur un immense mur où figurent des mots simples, mais puissants : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » L’écho de cette phrase se répercute tout au long de la visite guidée de l’Esprit Mikinak-Keya. Bien que la diversité se manifeste dans tout ce que nous sommes – notre culture, nos expériences, notre langue, notre couleur de peau –, il reste qu’au-delà de nos différences, nous sommes tous semblables. C’est ce paradoxe qui ouvre à la réflexion et qui fait des sept enseignements sacrés le parfait point de départ.