15 lieux étranges pour voyageurs téméraires aux Territoires du Nord-Ouest
Texte original anglais publié sur le site Web Spectacular Northwest Territories.
Ça ne s’invente pas. Tout devient surréaliste là où le mercure descend jusqu’à moins 60 en hiver, et où un jour semble durer des mois en été. Les volcans gelés se dressent dans la toundra et entrent en éruption au ralenti. Les lacs disparaissent en se vidant à travers un trou dans le pergélisol. Les feux souterrains crachent des étincelles dans la nuit arctique. Et les rivières se déchaînent avec des vagues tellement énormes qu’on dirait un tsunami perpétuel.
Là-haut au nord, vous verrez des choses que vous n’aviez jamais imaginées. Bienvenue à la terre du mystère, là où l’étrangeté dépasse la fiction.
Les collines fumantes
Sur les rives du cap Bathurst, en Arctique de l’Ouest, les ténébreuses Smoking Hills (littéralement les « collines fumantes ») fument depuis des siècles, envoyant des nuages de suie sulfurique danser au-dessus du passage du Nord-Ouest. Voilà un lieu de feu et de soufre, dont le sol recouvre des schistes bitumineux qui s’enflamment dès leur exposition à l’air. Tout juste à l’est se trouve le hameau de Paulatuk — nom qui signifie, bien à propos, « endroit du charbon ».
Le pingo Ibyuk
Voilà la plus populaire attraction de Tuktoyaktuk : un gros amoncellement vert gonflant sur la côte arctique. Aussi élevé qu’un édifice de 15 étages, Ibyuk est le plus imposant pingo du Canada. Gorgé de glace, il prend tranquillement de l’expansion, comme une canette de Coca-Cola qui enfle inéluctablement au congélateur. Et au bout d’un moment, comme la canette, il se fendra du haut et éclatera, avant de retomber dans la toundra.
Le pré des fées
Décrit comme une oasis magique dans une cathédrale de sommets, ou encore comme l’œil d’un ouragan montagneux, les célèbres Fairy Meadows (le « pré des fées ») est le paradis perdu de la réserve de parc national Nahanni. Cet écrin de verdure luxuriant, où abondent les délicates fleurs alpines, se cache dans l’enceinte des crêtes incroyablement escarpées du Cirque of the Unclimbables, amphithéâtre de vertigineux sommets attirant les meilleurs alpinistes du monde.
L’amoncellement de tuf calcaire de Rabbitkettle
Avec ses airs d’étrange stalagmite lunaire, le plus gros amoncellement de tuf calcaire au Canada s’élève près des berges de la rivière Rabbitkettle, dans la réserve de parc national Nahanni. Mesurant 30 mètres de haut, l’amoncellement vieux de 10 000 ans doit son existence aux sources thermales dont les eaux ruissellent hors du sol volcanique, laissant à la surface du carbonate de calcium qui durcit pour former une croûte de tuf. Retirez vos chaussures et suivez un des guides du parc au fil d’une randonnée pieds nus jusqu’au fragile sommet.
Le pic sans nom
Question du jour : comment s’appelle la plus haute montagne des Territoires du Nord-Ouest? Si vous avez répondu « aucune idée », bravo! Appartenant à la chaîne Ragged, près de la frontière est du Yukon, et culminant à 2 773 mètres de hauteur, le sommet le plus élevé du territoire n’a pas de nom. De manière non officielle, on nomme parfois ce mur enneigé le mont Nirvana, le sommet 2 773 ou le sommet 9 027 (sa hauteur en pieds), ou tout simplement le pic sans nom. Cependant, la Commission de toponymie du Canada n’accepte pas ces désignations. L’appellation officielle doit être fournie par la bande dénée de Nahanni Butte, puisque la montagne se situe sur son territoire traditionnel. Mais jusqu’à maintenant, la bande ne l’a pas fait.
Les rapides des noyés
Le nom Rapids of the Drowned (rapides des noyés) n’a rien d’une blague. Là où la vaste rivière des Esclaves entre en collision avec le bouclier précambrien, tout près de Fort Smith, explose un maelstrom de vagues hautes comme des maisons, de courants d’enfer et de remous assez violents pour réduire les tronçons d’arbre en miettes. Ces rapides ont des sobriquets allant du plus sublime au plus ridicule, comme la « montagne russe », la « rentre-dedans », la « terre aux mille trous » et la légendaire « tétine de Molly ».
Le lac sans fond
Sous les vagues écumantes du Grand lac des Esclaves dort un secret enfoui : un mystérieux abysse sans égal en Amérique du Nord. Il y a un endroit, pas très loin au large de Łutselk’e, où le fond du lac se trouve à plus d’un demi-kilomètre sous la surface, au point le plus profond du continent. À vrai dire, on ne sait pas exactement jusqu’où il va. Officiellement, il descend jusqu’à 614 mètres, mais selon les chercheurs qui ont récemment effectué des sondages bathymétriques, certaines fosses seraient encore plus profondes — par 30 mètres, voire plus.
Les routes de glace
Chaque hiver, les Territoires du Nord-Ouest voient leur réseau routier doubler avec l’aménagement de routes de glace sur les surfaces gelées des lacs, des rivières et même de l’océan Arctique. La plupart reposent sur 1,2 mètre de glace, soit assez pour supporter un gros-porteur. Mais il arrive tout de même que la glace cède, menaçant de faire sombrer les véhicules infortunés.
Le plus gros barrage de castors au monde
Les castors ont la réputation d’être occupés, mais au parc national Wood Buffalo, ils font des heures supplémentaires! Dans le coin reculé de cet immense parc se trouve le plus gros barrage de castors du monde entier, résultat du travail de générations de castors qui rongent la forêt depuis les années 1970 au moins. Atteignant presque un kilomètre de longueur, le barrage endigue un marais d’une taille appréciable. Il est si grand qu’on peut le voir depuis l’espace — c’est ce que des chercheurs ont découvert en étudiant les images satellites.
Les plaines salées
Tout près de la route 5, dans les environs de Fort Smith, se trouvent les célèbres plaines salées, où les visiteurs peuvent parcourir le vaste champ d’un blanc scintillant créé par le bouillonnement de l’eau salée des profondeurs de la terre. Ce paysage cristallin abrite des espèces de plantes uniques résistantes au sel et sert de pierre à lécher à plusieurs animaux (loups, bisons, ours, etc.). Les hommes y trouvent aussi du sel depuis longtemps : on le récoltait pour le commerce à l’époque de la traite des fourrures, et il est encore tentant d’en prendre une pincée aujourd’hui.